La Loi de Goodhart : Quand les KPI Détruisent la Qualité de Vie au Travail

Dans un monde professionnel obsédé par les données, les KPI (Key Performance Indicators) et les tableaux de bord, une loi économique méconnue explique pourquoi tant d’équipes performantes se sentent soudainement stressées, désengagées et cyniques. Il s’agit de la loi de Goodhart, un principe qui montre comment la poursuite d’un chiffre peut détruire la mission même qu’il est censé mesurer, avec des conséquences directes sur le bien-être au travail et les risques psychosociaux.

Qu’est-ce que la loi de Goodhart ? Définition et origine

La loi de Goodhart est un principe économique et social qui décrit un piège courant dans l’utilisation des indicateurs de performance. Sa formulation la plus célèbre est la suivante :

« Quand une mesure devient un objectif, elle cesse d’être une bonne mesure. »

En d’autres termes, dès que l’on commence à évaluer et récompenser les gens sur la base d’un indicateur statistique précis, ceux-ci vont concentrer leurs efforts pour optimiser cet indicateur, souvent au détriment de l’objectif réel ou global que la mesure était censée représenter.

Ce décalage entre le travail réel et le travail mesuré est une source majeure de stress professionnel et de risques psychosociaux. Les employés ne sont plus incités à bien faire leur travail, mais à faire en sorte que le chiffre soit bon. Cette pression pour « jouer avec le système » vide le travail de son sens, favorise le désengagement et a une influence directe et néfaste sur la Qualité de Vie au Travail (QVT).

Origine et formulation de Charles Goodhart

Auteur : Elle a été formulée par l’économiste britannique Charles Goodhart en 1975.

Contexte initial : Goodhart l’a d’abord appliquée à la politique monétaire. Il observait que si une banque centrale tentait de réguler l’économie en ciblant un indicateur comme la masse monétaire, les banques et les investisseurs adapteraient leur comportement pour contourner cette règle, rendant l’indicateur inutile.

Formulation originale (plus technique) : « Toute régularité statistique observée tendra à s’effondrer dès lors qu’une pression sera exercée sur elle à des fins de contrôle. »

Bien que née dans le contexte économique, cette loi s’applique parfaitement au management moderne et explique de nombreux dysfonctionnements organisationnels qui mènent au burn-out et à la détérioration du climat social en entreprise.

L’Effet Cobra : L’exemple historique qui illustre le piège des indicateurs

L’exemple le plus célèbre illustrant ce concept est « l’effet cobra », antérieur à la loi elle-même. Cette anecdote historique démontre de manière frappante comment un indicateur mal conçu peut produire l’effet inverse de celui recherché.

Le problème : À l’époque de l’Inde coloniale britannique, la ville de Delhi était infestée de cobras venimeux, représentant un danger pour la population.

La mesure (devenue objectif) : Le gouvernement colonial a mis en place une prime financière pour chaque cobra mort rapporté aux autorités.

Le résultat (pervers) : Au début, la mesure a fonctionné et le nombre de cobras diminua. Mais rapidement, des citoyens entreprenants ont compris qu’ils pouvaient tirer profit du système. Ils ont commencé à élever des cobras dans le seul but de les tuer et de toucher la prime.

La conséquence : Lorsque le gouvernement s’en est rendu compte et a supprimé la prime, les éleveurs ont relâché tous leurs cobras devenus sans valeur marchande. La population de cobras à Delhi était finalement plus importante qu’auparavant. L’objectif (la prime par cobra) avait totalement remplacé le but réel (réduire le nombre de cobras et protéger la population).

Cet effet cobra se reproduit quotidiennement dans nos organisations modernes, sous des formes moins spectaculaires mais tout aussi contre-productives.

La loi de Goodhart en entreprise : Impact sur le stress et la QVT

C’est dans le management quotidien et la gestion des ressources humaines que la loi de Goodhart a les effets les plus délétères sur la QVT et l’engagement des collaborateurs. Les indicateurs, conçus pour aider au pilotage, deviennent des sources de pression absurde et de souffrance au travail.

Service client : La pression du nombre de tickets

Le KPI problématique : Si les agents sont évalués uniquement sur le « nombre de tickets traités par heure » ou le « temps de résolution moyen », ils seront incités à clore les demandes le plus vite possible, quitte à mal répondre au client, à donner des solutions superficielles ou à transférer le problème vers un autre service.

Impact QVT et stress : L’employé subit un stress intense lié à la pression chronométrique, tout en sachant qu’il ne satisfait pas réellement le client. La QVT s’érode car la fierté du travail bien fait est remplacée par la frustration de devoir « bâcler » pour atteindre un quota. Cette dissonance cognitive entre les valeurs professionnelles et les comportements imposés est un facteur majeur de risques psychosociaux et peut mener au burn-out.

L’effet cobra : Les agents développent des stratégies d’évitement (ne pas répondre aux demandes complexes), de transfert abusif, ou de clôture prématurée des tickets. Le service client se dégrade, les réclamations augmentent, créant encore plus de tickets à traiter dans un cercle vicieux.

Développement logiciel : Les tests inutiles

Le KPI problématique : Si une équipe de développeurs est évaluée sur le « pourcentage de couverture de code par les tests automatisés », les développeurs pourraient écrire des tests inutiles qui « cochent la case » de l’indicateur, mais ne vérifient pas réellement la qualité, la robustesse ou la sécurité du logiciel.

Impact QVT et stress : L’équipe atteint l’objectif chiffré, mais le produit reste fragile. Cela crée une « dette technique » invisible et un stress futur lors des pannes inévitables. Le sens du métier (créer un produit fonctionnel et fiable) est perdu, remplacé par une course au pourcentage. Les développeurs perdent leur motivation intrinsèque et leur engagement professionnel.

L’effet cobra : Les tests deviennent une formalité bureaucratique plutôt qu’un outil de qualité. Les bugs passent à travers, les incidents en production se multiplient, et l’équipe passe plus de temps à éteindre des incendies qu’à innover.

Ventes : Le piège des objectifs à court terme

Le KPI problématique : Des objectifs basés uniquement sur le « nombre de nouveaux contrats signés » ou le « chiffre d’affaires mensuel » peuvent pousser les commerciaux à vendre des produits inadaptés aux besoins réels des clients, à survendre des promesses intenables, ou à privilégier les ventes rapides au détriment de la relation client durable.

Impact QVT et stress : La pression du chiffre à court terme crée un environnement de travail toxique et stressant. La QVT est remplacée par l’anxiété permanente d’atteindre le quota, quel qu’en soit le coût pour la réputation de l’entreprise, la satisfaction client ou l’éthique professionnelle. Cette culture du résultat immédiat génère une compétition malsaine entre collègues et détruit la cohésion d’équipe.

L’effet cobra : Les clients insatisfaits génèrent des résiliations en cascade, une mauvaise réputation de l’entreprise, et une perte de confiance. Le coût d’acquisition client augmente tandis que la fidélisation s’effondre. À long terme, le chiffre d’affaires décline malgré les efforts frénétiques des commerciaux.

Loi de Goodhart dans le service public : Éducation et police

Le secteur public n’est pas épargné par ce phénomène. L’importation de la « culture du résultat » et du management par objectifs dans la fonction publique y génère les mêmes effets pervers, avec des conséquences sur la santé mentale au travail des agents.

Éducation : Le bachotage généralisé

Le KPI problématique : Si les enseignants sont évalués principalement sur le « taux de réussite de leurs élèves » à un examen standardisé, ils pourraient être tentés de « bachoter » (enseigner uniquement pour réussir l’examen) plutôt que de développer la compréhension profonde, la pensée critique ou la curiosité intellectuelle des élèves.

Impact : Le stress est transféré aux élèves ET aux enseignants, dont la mission éducative fondamentale est dévoyée. Les enseignants perdent le sens de leur vocation, développent un sentiment d’imposture et subissent une pression évaluative constante. Les élèves apprennent à mémoriser sans comprendre.

L’effet cobra : Le niveau réel baisse tandis que les résultats artificiels augmentent. Les diplômes se dévaluent, et la société dans son ensemble en paie le prix à long terme.

Police : La statistique avant la sécurité

Le KPI problématique : Si les services de police sont évalués sur le « nombre d’arrestations » ou le « taux d’élucidation », ils pourraient se concentrer sur des délits mineurs faciles à constater (stationnement, petite délinquance) plutôt que de s’attaquer à la criminalité organisée ou complexe qui demande plus de temps et de ressources.

Impact QVT : Cela démotive profondément les agents qui sentent que leur travail est évalué de manière superficielle et que leur expertise n’est pas valorisée. Le sentiment d’utilité sociale diminue, facteur essentiel de bien-être au travail dans les métiers de service public.

L’effet cobra : La criminalité grave n’est pas traitée efficacement, le sentiment d’insécurité augmente, tandis que les statistiques officielles peuvent sembler bonnes.

5 Solutions pour éviter le piège de Goodhart et protéger la QVT

La loi de Goodhart nous avertit que les indicateurs de performance sont des outils de pilotage, pas des buts en soi. Abuser des chiffres mène à la bureaucratie, au stress chronique et à des comportements contre-productifs. Pour atténuer cet effet et protéger la santé mentale au travail, voici cinq stratégies éprouvées.

1. Multiplier les indicateurs de performance

Principe : Ne jamais utiliser un seul indicateur. Croiser plusieurs mesures complémentaires et parfois contradictoires pour avoir une vision équilibrée de la performance.

Exemple concret : Pour un service client, mesurer simultanément :

  • La quantité (nombre de tickets traités)
  • La qualité (score de satisfaction client)
  • La durabilité (taux de tickets non réouverts)
  • Le bien-être (niveau de stress auto-déclaré des agents)

Bénéfice QVT : Cette approche réduit la pression unilatérale sur un seul chiffre et reconnaît la complexité du travail réel. Les collaborateurs se sentent évalués de manière plus juste et complète.

2. Rotation des KPI et adaptation

Principe : Un bon indicateur s’use vite, car les gens apprennent rapidement à l’optimiser. Il faut donc faire évoluer régulièrement les métriques utilisées et les adapter aux contextes changeants.

Exemple concret : Alterner entre des KPI de qualité (satisfaction), de vitesse (délai de réponse), d’innovation (nouvelles solutions proposées) et de collaboration (aide aux collègues).

Bénéfice QVT : Cette variabilité empêche l’installation de stratégies de contournement et maintient l’attention sur le travail réel plutôt que sur l’optimisation d’un seul chiffre. Elle réduit aussi la monotonie et stimule l’engagement.

3. Management participatif et co-construction

Principe : Impliquer les personnes qui « font le travail » dans la définition des indicateurs les plus pertinents. Cette démarche participative est un levier majeur de QVT et de prévention des risques psychosociaux.

Exemple concret : Organiser des ateliers où les équipes proposent elles-mêmes les métriques qui reflètent le mieux la valeur de leur travail, puis valider collectivement ces choix.

Bénéfice QVT : Cette approche redonne du sens et du contrôle (autonomie) aux employés sur leur propre évaluation. L’autonomie est l’un des trois piliers fondamentaux de la motivation intrinsèque et du bien-être au travail. Les collaborateurs se sentent écoutés, respectés et parties prenantes du système plutôt que victimes d’un contrôle arbitraire.

4. Maintenir le sens et la vision stratégique

Principe : Toujours rattacher explicitement chaque mesure à l’objectif final et stratégique de l’organisation. Rappeler régulièrement le « pourquoi » derrière le « combien ».

Exemple concret : Dans les réunions d’équipe, commencer par rappeler la mission (ex: « Nous aidons nos clients à résoudre leurs problèmes ») avant de parler des chiffres. Raconter des histoires de réussite client plutôt que de se focaliser uniquement sur les statistiques.

Bénéfice QVT : Cette connexion au sens donne une perspective plus large et évite que le travail ne se réduise à une course aux chiffres. Le sens au travail est un facteur protecteur majeur contre le burn-out et un moteur puissant d’engagement professionnel.

5. Privilégier le jugement humain sur les données

Principe : Ne pas laisser un tableau de bord remplacer l’analyse qualitative, le contexte et le bon sens. Un bon manager doit savoir quand et pourquoi le chiffre ment ou ne raconte qu’une partie de l’histoire.

Exemple concret : Lors des évaluations, prendre le temps d’échanger qualitativement avec les collaborateurs sur leurs réalisations, leurs difficultés et leur ressenti, plutôt que de se limiter à un score quantitatif automatisé.

Bénéfice QVT : Cette reconnaissance du contexte, de l’effort qualitatif et des situations particulières est essentielle pour réduire le stress et valoriser réellement le travail effectué. Les employés se sentent considérés comme des êtres humains et non comme des machines à produire des statistiques.

Conclusion : Remettre les KPI à leur juste place pour une performance durable

La loi de Goodhart n’est pas une critique de la mesure ou des indicateurs de performance en soi, mais un avertissement salutaire contre leur idolâtrie et leur utilisation abusive. Les KPI sont des outils précieux quand ils sont utilisés avec intelligence, nuance et dans le respect du travail réel.

En oubliant le « pourquoi » au profit du « combien », en transformant les moyens en fins, les organisations créent des environnements de travail absurdes, démotivants et générateurs de souffrance. Cette obsession du chiffre alimente les risques psychosociaux, le désengagement des collaborateurs et in fine, la sous-performance organisationnelle.

Restaurer la Qualité de Vie au Travail et construire une performance durable exige de remettre les chiffres à leur juste place : celle d’outils au service de l’intelligence humaine, du sens et de la mission collective, et non l’inverse. Un management bienveillant et efficace sait articuler mesure objective et jugement qualitatif, contrôle et confiance, résultats et bien-être.

Comme le résume parfaitement la loi de Goodhart : quand la mesure devient l’objectif, nous perdons de vue ce qui compte vraiment. Et ce qui compte vraiment, c’est la capacité des organisations à créer de la valeur durablement, tout en préservant la santé et l’épanouissement des femmes et des hommes qui les composent.

La Fontaine, ce coach insoupçonné : pourquoi ses fables sont de puissants outils de changement, aujourd’hui encore

Plus de trois siècles après sa mort, Jean de La Fontaine n’est pas qu’un souvenir d’écolier poussiéreux, cantonné aux récitations de « Maître Corbeau ». En réalité, le fabuliste est peut-être l’un de nos contemporains les plus pertinents.

Ses fables, bien plus que de simples leçons de morale, sont de profondes métaphores de la psychologie humaine. Elles constituent une boîte à outils formidable pour quiconque cherche à changer de perspective sur une situation. C’est pourquoi elles résonnent si fort dans des approches comme l’hypnose, où le « recadrage » – l’art de voir un problème sous un angle nouveau – est la clé de la solution.

En utilisant le « masque animalier », La Fontaine nous offre un miroir grossissant mais déculpabilisant de nos propres comportements.

🧒 Pour les enfants : Le grand théâtre des émotions et des conséquences

Pour les plus jeunes, les Fables sont une première initiation brillante à l’intelligence sociale et émotionnelle. L’animal permet à l’enfant d’explorer des concepts complexes en toute sécurité.

  • Le Corbeau et le RenardLa morale : « Apprenez que tout flatteur / Vit aux dépens de celui qui l’écoute. »C’est la leçon sur la vanité et la flatterie. Pour l’enfant, c’est apprendre à reconnaître quand on lui dit des choses « juste pour plaire » et à ne pas tout « gober » (au sens propre comme au figuré !). La métaphore est simple : ton « fromage » (ta fierté, ton jouet, ta confiance) est précieux, ne le lâche pas au premier compliment.
  • Le Lièvre et la TortueLa morale : « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point. »C’est l’antidote à l’arrogance et à l’impulsivité. Pour l’enfant, c’est la valorisation de la constance et de l’effort patient. La métaphore l’aide à comprendre que ce n’est pas le plus « rapide » ou le plus « brillant » en apparence qui gagne, mais celui qui va au bout de son projet.
  • La Cigale et la FourmiLa morale (sous forme de chute) : « Vous chantiez ? j’en suis fort aise : / Eh bien ! dansez maintenant. »Au-delà de la dureté apparente de la Fourmi, c’est une métaphore de la prévoyance et de la responsabilité. Elle pose une question fondamentale : comment équilibrer le plaisir immédiat (chanter tout l’été) et la préparation du futur (préparer l’hiver) ?

🧔 Pour les adultes : Des stratégies de vie et des recadrages puissants

Pour les adultes (et en thérapie), la morale simpliste s’efface au profit d’une lecture beaucoup plus stratégique et psychologique. Les fables deviennent des scénarios pour explorer nos blocages.

  • Le Chêne et le Roseau : La flexibilité comme vraie force.La morale (dite par le Roseau) : « Je plie, et ne romps pas. »C’est peut-être la métaphore thérapeutique par excellence. Le Chêne, c’est notre rigidité, nos certitudes, notre « moi je » qui veut résister à tout prix. Le Roseau, c’est la flexibilité, l’acceptation, l’adaptabilité.
    • En hypnose : On peut demander à une personne rigide, stressée, qui lutte contre les événements : « Préférez-vous être le Chêne, qui semble si fort mais qui casse net face à la tempête, ou le Roseau, qui semble si fragile mais qui se relève toujours après le passage du vent ? » Cette fable permet de recadrer la vulnérabilité comme une forme de résilience supérieure.
  • Le Loup et l’Agneau : Identifier l’impuissance et la mauvaise foi.La morale : « La raison du plus fort est toujours la meilleure. »Cette fable, qui ouvre sur sa propre morale, est un outil puissant pour les personnes qui se sentent victimes d’injustice ou de manipulation. Elle met en lumière les mécanismes de la mauvaise foi et de l’abus de pouvoir.
    • En hypnose : Plutôt que de rester l’Agneau impuissant qui tente de se justifier, la fable permet de prendre du recul. Elle invite à sortir du dialogue de justification (puisque le Loup n’écoute pas) et à changer de stratégie. La solution n’est pas de « mieux » argumenter, mais de reconnaître que le jeu est truqué et de chercher une autre issue.
  • Le Lion et le Rat : Repenser l’interdépendance.Les morales : « Il faut, autant qu’on peut, obliger tout le monde : / On a souvent besoin d’un plus petit que soi. » (placée au début) et « Patience et longueur de temps / Font plus que force ni que rage. » (placée à la fin).Cette fable est parfaite pour travailler sur l’estime de soi ou sur l’orgueil.
    • Pour la personne qui se sent « Rat » (petite, inutile) : Elle réalise qu’elle a une valeur unique, une compétence spécifique (ronger une corde) que même le « Roi » (le patron, le parent, le conjoint) n’a pas.
    • Pour la personne qui se sent « Lion » (puissante, orgueilleuse) : Elle apprend l’humilité et réalise que sa puissance dépend aussi des autres. C’est un recadrage sur l’interdépendance et la patience.

🌀 La Fontaine et l’hypnose : Le « comme si » qui libère

L’état hypnotique favorise la pensée métaphorique. Le sujet est plus ouvert à voir les choses différemment, car son « esprit critique » (le Chêne rigide) est mis en veille.

L’utilisation d’une fable en séance permet de créer une dissociation. Le patient n’est plus « lui-même » avec son problème insoluble ; il devient un observateur extérieur regardant un Corbeau, un Loup ou un Lièvre.

En observant le Lièvre s’endormir, le patient peut comprendre son propre schéma de procrastination ou d’auto-sabotage, non pas comme une fatalité, mais comme un comportement qu’il est possible de changer. Il n’est pas « un procrastinateur » (une identité figée), il est « celui qui agit comme le Lièvre » (un rôle qu’il peut choisir de quitter).

La fable permet de « rejouer la scène » intérieurement et de se demander : « Et si la Cigale avait aussi stocké quelques grains ? Et si le Corbeau avait compris le jeu du Renard et lui avait jeté le fromage au visage en riant ? »

En nous invitant à explorer ces scénarios alternatifs, La Fontaine ne nous donne pas des réponses toutes faites, mais nous offre la plus belle des permissions : celle d’envisager un autre point de vue.